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nortasuna & askatasuna
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27 mars 2005

L ARGENTINE DIT NON AU FMI !

L’arbitre est resté sur la touche. Pire, en assistant hier à l’annonce des résultats de la restructuration de la dette argentine, le Fonds monétaire international (FMI) a été ravalé au rang de simple public. Un désastre quand on se rappelle que ce défaut, le plus important de l’histoire des faillites d’Etat, devait être l’occasion de tester les institutions multilatérales.

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C’est en effet la solidité de ces dernières qui a justifié, il y a deux ans, l’enterrement de l’idée d’un «tribunal de la faillite». Cette instance – censée imposer aux créanciers un accord voté à la majorité qualifiée – a été rejetée par les Etats-Unis, les multinationales financières et les grands pays émergents au prétexte qu’un accord à l’amiable constituait un cadre moins rigide. La «bonne foi» des parties aurait fait le reste, sous le regard bienveillant du FMI.

Pourtant, s’il a été beaucoup question de «bonne foi» dans les discours du FMI, l’institution, tenue à l’écart de la négociation, a préféré ne pas préciser ce qu’une expression aussi vague camouflait. «Au fur et à mesure que Buenos Aires élaborait son offre dans son coin, nous avons laissé entendre que le concept de bonne foi serait défini a posteriori», enrage un fonctionnaire du Fonds. En clair, le marché décidera seul de la validité du coup de poker argentin.

La marginalisation du gendarme monétaire international a ses explications. D’une part, sa position de juge et partie : son laxisme l’a conduit à prêter au pays sud-américain près de 15 milliards de dollars, la troisième ardoise après le Brésil et la Turquie. Plus lucide que le reste des créanciers sur la capacité de paiement de Buenos Aires, le FMI a tout intérêt à ce que le secteur privé concentre l’essentiel des pertes pour être remboursé rubis sur ongle. La direction du Fonds a par ailleurs accumulé sur le cas argentin toutes les erreurs possibles, entre complaisance et mauvaise gestion, comme l’a reconnu cet été un rapport de son bureau d’évaluation.

L’institution a été inutilement dure avec l’Argentine quand celle-ci sombrait en plein chaos social (en 2002 et 2003), et, presque saisie d’un sentiment de culpabilité, d’une tolérance désarmante par la suite. «Le Fonds a perdu toute sa crédibilité», résume un banquier spécialiste des défauts souverains.

Or, il n’est pas du tout sûr que le cas argentin soit une exception. En abandonnant son statut d’arbitre des années 80, le FMI perd la légitimité d’imposer ensuite une «bonne politique économique» censée assurer le respect de la restructuration. «Le FMI progresse vers un statut de think tank économique et de prêteur inconditionnel car il est de moins en moins capable de faire respecter une quelconque conditionnalité», analyse Jérôme Sgard, chercheur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Et il n’y a aucune raison pour que cela change. «Malheureusement, les grandes banques sortent presque indemnes de cette affaire, se désole un fonctionnaire du FMI. Ceux qui ont le plus perdu sont les petits épargnants, et ils n’ont pas le moindre pouvoir de lobbying.»

Source: Figaro économie

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