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27 février 2005

JULIUS EVOLA : UN MAITRE A PENSER POUR LES HOMMES AU MILIEU DES RUINES

JULIUS EVOLA :
UN MAITRE A PENSER POUR LES HOMMES AU MILIEU DES RUINES

 

La récente création conjointe du Centre français d'études évoliennes et de la Société Julius Evola, constitue en France un événement car voici maintenant 15 ans -depuis l'occulta­tion du Centre d'études doctrinales Evola de Léon Colas-que les disciples d' Evola français ne disposaient plus de structure de coordination des activités, de confrontation des pensées et de protection de la doctrine du maître romain contre les plagiaires et les hilotes.

Se réjouissant de cette création, à laquelle certains de ses rédacteurs ne sont pas étrangers, Lutte du peuple a choisi de rendre hommage dans ce numéro au maître romain si souvent incompris et si souvent dénaturé. Ainsi, après une courte introduction biographique, nous publions un entretien avec le célèbre évolien Renato Del Ponte et une réflexion de Guillaume Faye sur la voie sans issue de l'intégrisme traditionaliste.

Nos lecteurs trouveront aussi dans ce dossier quelques morceaux choisis du «visionnaire foudroyé» et une réflexion sur Julius Evola et le Front national due à des camarades du défunt Groupe Nord.

JULIUS EVOLA : LA VIE EN FORME DE PROUE

 

Julius Evola est mort à Rome Ie11 juin 1974, à sa table de travail, en pleine possession de ses capacités intellectuelles. Le 12 Juin. Le monde annonçait la nouvelle en quatre lignes et présentait faussement Evola comme «un ami de Mussolini » et «l'idéologue de l' extrême-droite italienne». En Italie, mais sur une plus vaste échelle, le ton était à peu près le même, allant des invectives haineuses de la presse de gauche aux récupérations douteuses d'une certaine droite «nationale.»

 

Julius Evola avait assurément beaucoup d'ennemis, de toutes sortes. Ces hostilités s'expliquent aisément : Evola s'est conduit toute sa vie en homme libre, parlant haut et fort quelques soient les circonstances, sous tous les régimes. Cela était suffisant pour lui valoir les haines les plus contradictoires et les plus acharnées, mais aussi l'admiration de certains esprits libres de ce temps qui lui ont rendu hommage comme Gabriel Matzneff, Pierre Pascal, Marguerite Yourcenar ou Gottfried Benn qui a dit de Révolte contre le monde moderne : «Après l'avoir lu, on se sent transformé et on ne regarde plus l'Europe de la même façon».

Julius Evola est né à Rome le 19 mai 1898, dans une famille de petite noblesse. Alors que celle-ci se caractérise par son catholicisme et son conformisme, deux dispositions fondamentales en rupture avec son milieu se manifestent en lui dès son adolescence. La première est une impulsion vers la transcendance et une distance vis à vis de l'humain, la seconde prédisposition est celle du guerrier, du kshatriya. Celle-ci fut la base existentielle qui lui fit sentir comme absolument évidentes, malgré leur anachronisme, les valeurs et la réalité d'un autre monde, le monde d'une civilisation hiérarchique, aristocratique et féodale. Enfin, elle lui donna le goût des positions nettes, sans compromis que l'on retrouve tant dans sa vie que dans tous ses ouvrages.

Vers 15-16 ans Julius Evola lit beaucoup et reçoit l'influence de Wilde, de d'Annunzio, de Weininger, de Stirner et de Nietzsche. La lecture de ce dernier renforce sa disposition de kshatriya et sa révolte contre le monde bourgeois et sa petite morale. Elle accentue aussi son opposition instinctive au christianisme.

 

Avant la première guerre mondiale et durant celle-ci -qu'il effectue comme sous-lieutenant d'artillerie- Evola est en contact avec Giovanni Papini qui l'introduit dans le milieu futuriste et lui fait connaître les courants étrangers de l'art d'avant-garde ainsi que certains mystiques dont Maître Eckart. De retour de la guerre, il expérimente diverses drogues (comme le fera Jünger) et se rattache au dadaïsme dont il sera un des principaux représentants italiens tant par ses poèmes que par ses toiles.

Dans le même temps l'intérêt d'Evola pour les doctrines sapientielles s'accroit, il publie une présentation du Tao Te King de Lao Tseu, un ouvrage sur le yoga tantrique et fait la connaissance d'Arturo Reghini, un ami d'Aleister Crowley et un franc-maçon important favorable au fascisme. Avec celui-ci il constitue en 1927 le Groupe d'Ur qui veut donner des bases spirituelles non-chrétiennes au fascisme et s'opposer à tout rapprochement entre Mussolini et la papauté. Dans ce but parait en 1928 le remarquable Impérialisme païen.

En 1930, Julius Evola crée une revue bimensuelle La torre.

Il s'agit là d'une nouvelle tentative, après le Groupe d'Ur, d'influencer positivement le milieu politico-culturel. Vis à vis du fascisme il précise alors ainsi sa pensée : «Nous ne sommes ni fascistes, ni antifascistes, L'antifascisme n'est rien, le fascisme est trop peu. Nous voudrions un fascisme plus radical, plus intrépide, un fascisme vraiment absolu, fait de force pure, inaccessible à tout compromis».

Mais ces positions ne plaisent guère à un régime qui s'est assagi et embourgeoisé, le n° 3 de La torre est interdit à la vente et aucun imprimeur n'accepte bientôt plus de sortir la revue.

Toutefois Evola va trouver un soutien dans Roberto Farinacci, un fasciste orthodoxe qui dirige le quotidien II régime fascista et qui lui offrira une chronique hebdomadaire d'une page entière.

En 1934 est publié Révolte contre le monde moderne, une traduction allemande qui voit le jour l'année suivante éveille un important écho dans les cercles de la révolution conservatrice. Une période d'activité intense commence pour Evola :

Il voyage en Allemagne et en Europe centrale, donne des conférences, multiplie les rencontres, parmi lesquelles celles de Corneliu Codreanu, chef de la Garde de fer, et de Micea Eliade. Ces années d'activités extérieures ne l'empêchent pas de continuer ses travaux. Ainsi paraissent en 1938 Le mystère du Graal et en 1943 La doctrine de l'éveil.

 

A la fin de la guerre, Evola est blessé dans un bombardement. Il en restera paralysé à vie. Revenu à Rome il découvre des ruines tant matérielles que spirituelles. Toutefois des groupes de jeunes formés dans les durs combats de la République de Salo maintiennent le flambeau.

Son oeuvre est connue parmi eux, et c'est à leur intention qu'il écrit en 1949 Orientations qui indique les positions à tenir politiquement et spirituellement. En avril 19a1, il est arrêté et quelques temps détenu, accusé d'avoir inspiré une organisation clandestine les Faisceaux d'ac­tion révolutionnaire. En 1953 paraît Les hommes au milieu des ruines, en 1958 Métaphysique du sexe et en 1961 Chevaucher le tigre qui restera comme son testament spirituel.

Jusqu'à son décès Julius Evola contribuera à de nombreuses revues et exercera une influence non négligeable sur la scène nationaliste révolu­tionnaire italienne qui le considère alors comme son Marcuse.

 

ENTRETIEN AVEC RENATO DEL PONTE :

 

Renato del Ponte est une figure incontournable de l'évolisme européen. Fondateur du Centra studi evoliani à Gênes en 1969 et éditeur des revues Arthos et Quaderni Evola. il anime aussi le Mouvement traditionaliste romain. Il nous a fait l'amitié de nous accorder l'entretien qui suit.

 

Question : Renato del Ponte, votre nom est étroitement lié à celui d'Evola, pourriez vous vous présenter à nos lecteurs et préciser ce qui vous a amené à Evola et quels ont été vos rapports avec lui ?

 

Réponse : Je suis simplement une homme qui a toujours cherché à donner à sa propre vie, sur les plans existentiels, politiques et culturels, une ligne d'extrême cohérence. Il est normal que sur cette voie mon itinéraire ait rencontré celui d'Evola qui avait fait de la cohérence dans sa vie comme dans ses écrits son mot d'ordre. Naturellement pour des raisons conjoncturelles -Evola est né en 1898 et moi en 1944- la rencontre physique n'a pu se produire que dans les dernières années de sa vie.

Les circonstances et les particularités de nos rapports sont développés en partie dans les courriers que nous avons échangé à partir de 1969 et jusqu'en 1973 (Ndlr : Édité dans le livre Julius Evola, Letttere 1955-1974.Edizioni La terra degli avi, Finale Emilia, 1996, pp. 120-155).

Il s'est toujours s'agit de rapports très cordiaux, emprunts pour ma part de la volonté de créer un réseau organisationnel qui fasse mieux connaître sa pensée en Italie et à l'étranger.

 

Q.: C'est vous qui avez déposé dans une crevasse du mont Rosé l'urne contenant les cendres d'Evola. Pourriez vous nous dire dans quelles circonstances ?

 

R.: C'est effectivement moi et d'autres amis fidèles qui avons assuré le transport et le dépôt des cendres d'Evola dans une crevasse du Mont Rosé à 4.200 mètres d'altitude, à la fin d'août 1974. Pour vous dire la vérité, je n'étais pas l'exécuteur testamentaire des dernières volontés d'Evola, mais je lui avais promis ainsi qu'à notre ami commun Pierre Pascal, que je serais vigilant à ce que les volontés concernant sa sépulture soient correctement exécutées.

Comme le craignait Evola, il y eut de graves et multiples négligences qui m'obligèrent a intervenir et a procéder à l'inhumation avec l'aide d'Eugène David qui était le guide alpin d'Evola lorsqu'il fit ses ascensions du Mont Rosé en 1930. Il m'est impossible de raconter toutes les péripéties, certaines particulièrement romanesques, mais vous pouvez vous reporter à l'ouvrage collectif Julius Evola : le visionnaire foudroyé (Copernic, Paris, 1979) ou certaines sont relatées.

 

Q.: Vous animez le Mouvement traditionaliste romain. Qu'est-ce ?

 

R.: Le Movimento tradizionalista romano est une structure essentielle­ment culturelle et spirituelle qui se propose de mieux faire connaître les caractéristiques de la Tradition romaine, laquelle n'est pas une réalité historique définitivement dépassée, mais une entité spirituelle immortel­le capable d'offrir encore aujourd'hui un modèle opératif existentiel et une orientation religieuse basée sur ce que nous définissons comme la «voie romaine des Dieux». Dans ce but, le mouvement agit sur un plan interne et communautaire, très discret, voué à la pratique de la piétas, et sur un plan externe voué à faire connaître la thématique traditionnelle de la romanité au travers de manifestes, de livres - par exemple ma Reliqione dei Romani (Rusconi. Milano, 1992) qui a obtenu un important prix littéraire - et de revues. Pour le reste des particularités vous devez vous référer à mon intervention faites à Paris en février dernier au colloque de L'originel sur le paganisme et qui sera probablement publiée en français dans la revue Antaios.

 

Q.: Pour certains, la période du groupe Ur est la plus intéressante d'Evola. Il nous semble qu'elle mélangea politique para-fasciste, occultisme et art moderne dans un étonnant et fascinant cocktail. Est-ce exact ? Comment analyser cette phase de la vie d'Evola ?

 

R.: Je ne peux pas parler de manière brève du groupe d'Ur et de ses activités. Je vous renvoie à mon livre Evola e il maqico Gruppo di Ur (Sear Edizioni, Borzano, 1994).

Je me limiterai à dire gué c'est la période la plus engagée de la vie d'Evola.

Cela parce que ce fut la période où certains courants ésotériques, qui pour une bonne part se revendiquaient de la tradition romaine, avaient quelques espérances concrètes d'influencer le gouvernement de l'Italie.

Mais aussi cette phase de la vie d'Evola peut être interpétée comme une tentative, caractéristique de toute son existence, de «procéder autre­ment», de dépasser les limites des forces qui conditionnent l'existence, pour créer quelque chose de nouveau, ou de meilleur, de revenir à des conditions plus «normales» d'une vie selon la Tradition.

 

Q.: Comment concilier évolisme et engagement politique ?

 

R.: Si vous me parlez de possibles actions politiques d'orientation une fâché plus limitée, réservée à une minorité qui est de tenter d'influencer certains groupes ou certaines ambiances, mais au niveau individuel et sans espérance concrète de publication de revues et d'édition.

Nous allons bientôt recommencer à publier Arthos à un rythme trimestriel. Il est naturel que l'initiative italienne soit accompagnée par la naissance de groupes et de mouvements analogues en Europe et surtout en France où l'œuvre d'Evola est bien connue. L'année a venir verra sûrement la réalisation d'initiatives concrètes dont vous serez bien sur informés puisque nous comptons naturellement sur votre active contri­bution.

AINSI PARLAIT JULIUS EVOLA

 

« II n'a rien appris des leçons du passé récent celui qui s'illusionne aujourd'hui à propos des possibilités d'une lutte purement politique à laquelle ne ferait pas contrepartie une nouvelle qualité humaine afin que soient d'abord créées, à l'intérieur et chez chacun, les prémices de cet ordre qui devra ensuite s'affirmer aussi à l'extérieur ».

 

« Jusque dans la vie commune doit être suivie une discipline apte à rendre réalisable l'inutilité de tout sentimentalisme et de toute complication affective. A leur place, le regard lucide et l'acte adéquat. Comme pour le chirurgien, au lieu de la compassion et de la pitié, l'intervention qui résout. Comme chez le guerrier et chez l'homme de sport, au lieu de la peur, de l'agitation irrationnelle devant le péril, la prompte détermination de tout ce qui est possible, en propre, de faire.

Pitié, peur, espérance, impatience, angoisse sont toutes des éboulements de l'esprit, qui s'en vont nourrir des pouvoirs occultes et vampiriques de négation. Prend la compassion : Elle ne change rien du mal d'autrui, mais elle trouble ton esprit. Si tu le peux, agis, assume la personne de l'autre et communique-lui ta force. Sinon détache-toi. De même pour la haine : haïr dégrade. Si tu le veux, si une justice le veut en toi, abats, tronque, sans que ton esprit s'altère ».

 

« Le christianisme avec la transcendance de ses pseudo-valeurs, gravitant toutes dans l'attente du Royaume qui n'est pas de ce monde, brisa la synthèse harmonieuse de spiritualité et de civisme, de royauté et de sacerdoce, que le monde antique connaissait. L'abrutissement politique moderne n'est qu'une extrême conséquence de cette antithèse et de cette scission, créée par le christianisme primitif et mise en forme dans l'essence même de ce christianis­me primitif.

Prise en elle-même, en son profond mépris pour tous les soucis mondains, la prédiction de Jésus ne pouvait conduire qu'à une seule chose : rendre impossible, non seulement l'Etat, mais encore la société elle-même ».

 

« L'idéal du chef domine l'histoire du monde. Combien cela est vrai, c'est ce que démontre, par exemple, le fait que le bolchevisme, qui, parti des masses, a élevé un fastueux monument sépulcral portant le nom, point de la masse, mais d'un homme : Lénine ».

 

« Le caractère sacré de la guerre, c'est à dire la possibilité de justifier spirituellement la guerre et toutes ses nécessités, au sens le plus élevé du terme, constitue une tradition : elle est quelque chose qui, toujours et partout, s'est manifesté dans le cycle ascendant de toute grande civilisation; alors que la névrose de la guerre, les déplorations humanitaires et pacifistes, et aussi la conception de la guerre comme triste nécessité et phénomène purement politique ou naturaliste - tout ceci ne correspond, au contraire, à aucune tradition; c'est une élucubration moderne née d'hier, aux marges de la décomposition qui devait caractériser une civilisation libérale et matérialiste ».

 

« Quant à l'anticonformisme, la première nécessité est une conduite décidé­ment antibourgeoise delà vie. En sa première période, Ernst Jünger ne craignit pas d'écrire :

« Mieux vaux être un délinquant qu'un bourgeois » ; nous ne dirons point qu'il convient de prendre à la lettre cette formule, toutefois une orientation générale s'y trouve indiquée. Dans la vie quotidienne, on devra aussi prendre garde aux pièges constitués parles affaires sentimentales, avec mariage, famille et tout ce qui appartient aux structures subsistantes, d'une société que l'on reconnaît comme absurde. C'est là une pierre de touche essentielle».

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