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nortasuna & askatasuna
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14 février 2005

AVEC CARREFOUR, LES PAUVRES VONT MANGER DES OGM

 

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Une innocente huile pour friture, vendue au prix dérisoire de 1,55 euro les deux litres, voilà pour nombre de consommateurs moyens une aubaine qu'il faut absolument saisir ! Seul petit problème : une fois chaussées les lunettes, on peut lire sur le flanc de la bouteille, en petits caractères et dans un français approximatif, la mention « contient l'huile à partir de soja génétiquement modifié ».

Il s'agit donc, à notre connaissance, du premier produit OGM diffusé chez nous depuis l'adoption par l'Europe du règlement sur la traçabilité 1830/2003 qui impose un étiquetage spécifique dès lors que l'ingrédient d'un produit dépasse le seuil de 0,9 % d'OGM. Responsable : la marque « N°1 » de Carrefour !

Une première, alors que le consommateur a dit non !

En 2000, grâce à l'action de Greenpeace et alors que les autorités tardaient à répondre aux exigences légitimes des citoyens, les consommateurs eux-mêmes entrèrent en action avec, pour effet le plus frappant, l'abandon presque unanime des ingrédients à base d'OGM par les principaux fabricants et chaînes de supermarchés en Belgique.

Souvent contraints et forcés par la pression des consommateurs, Danone, Kraft Jacobs Suchard, Master Foods, Nestlé et Unilever renoncèrent aux produits alimentaires à base d'OGM, tout comme les supermarchés Carrefour, Delhaize, Colruyt et Aldi, en ce qui concerne leurs marques propres. Ce mouvement « anti-OGM » des consommateurs s'est étendu dans le monde entier, de la Corée du Sud au Brésil, de la Nouvelle-Zélande au Canada… Et même aux Etats-Unis où une chaîne de supermarché de premier plan telle que Trader Joe's décida d'abandonner les ingrédients transgéniques pour les produits de ses marques propres.

Mais quels sont les risques ? La seule chose sur laquelle les scientifiques s'accordent, c'est qu'on ne sait pas ! Nul ne peut même savoir où un problème éventuel peut surgir, ni dans quels délais… Et pourtant, il s'agit bien d'une technique révolutionnaire, de bricolages incontrôlés de l'ADN de certaines plantes. Il s'agit de constructions artificielles, aussi diverses que l'imagination des hommes le permet et dont les effets peuvent être, par définition, inimaginables… De quoi inciter, nous semble-t-il, à la plus extrême précaution.

Carrefour : pour ou contre les OGM ?

Nous nous inquiétons de l'absence de certitudes scientifiques fondées à l'heure actuelle en matière d'OGM et du peu de recul sur l'ensemble des risques potentiels, tant sur la santé que sur l'environnement de l'homme Et nous critiquons l'utilisation par les firmes productrices d'OGM de faux arguments pour convaincre les populations d'ici et d'ailleurs. La production d'OGM ne diminue pas l'utilisation de pesticides et d'herbicides. Elle ne permet pas non plus de nourrir le monde. »

Ainsi s'exprimait Monsieur Roland Vaxelaire, administrateur délégué de Carrefour Belgium, dans une interview accordée au quotidien Le Soir, le 4 juillet 2002. Le même groupe qui s'engageait (voir www.carrefour.com), dans son Rapport de Développement Durable 2001, à « maîtriser les risques au maximum », affirmant clairement que « nous aurions souhaité pouvoir mentionner sur nos produits l'absence d'OGM » lance aujourd'hui, de manière totalement délibérée, un produit OGM sur la marché, à travers sa propre marque « N°1 », « la marque la moins chère de Belgique », dit la publicité. Il s'agit d'une « huile pour friture » d'apparence parfaitement banale.

Mieux encore. Le groupe, dénonce lui-même le « manque de recul sur les conséquences à long terme sur la santé humaine » des OGM… On peut lire, aujourd'hui encore, cette phrase sur son site Internet. Au même moment, une huile pour friture à base de soja génétiquement modifié est en vente dans ses magasins… Que peut cacher semblable duplicité ? De qui se moque-t-on ?

La cible : le consommateur précarisé !

« Carrefour. Et tout devient possible », dit la publicité. En effet ! Et « N°1, la marque la moins chère de Belgique » trahit sans vergogne la confiance que le consommateur avait pu placer dans le groupe Carrefour, sur base notamment de ses prises de position bien tranchées en matière d'Organismes Génétiquement Modifiés.

Entend-on, par le biais d'une subtile confusion d'image entre la marque et le groupe, nous faire avaler des couleuvres ? Spécule-t-on sur le fait que le client des produits les moins chers ne lit jamais l'étiquette des produits qu'il est heureux d'acheter à vil prix ? Car force est de constater que l'étiquetage, en l'occurrence, est bien réduit au strict minimum ! Bref, Carrefour agit-il comme les Américains qui offraient naguère leurs OGM invendus aux pays d'Afrique où la famine faisait rage ?

Depuis l'adoption de la Directive européenne sur la traçabilité que tout le monde a accueillie comme le Messie, Nature & Progrès n'a de cesse de mettre en garde le monde politique : ce seront les publics précarisés qui seront réduits à manger OGM ! Ce seront eux qui serviront de cobaye, avec la complicité – plus ou moins inavouée – des grands groupes agroalimentaires !

Ce sont eux qui paieront, dans leur chair, les pots cassés éventuels ! Il n'est même pas question ici de qualité alimentaire, de diététique ou de bio. Il s'agit uniquement du respect humain élémentaire que tous doivent témoigner à l'égard des publics précarisés. Monde politique et grandes entreprises en tête ! Il est éthiquement intolérable, à nos yeux, qu'un groupe tel que Carrefour agisse ainsi en parfaite connaissance de cause.

Transparence et huiles de friture

Mais, dans ce cas-ci, le consommateur, s'il est vigilant, a encore une chance. Car la loi existe et car elle est respectée. Mais qui peut garantir aujourd'hui, que les frites de tel ou tel restaurant, de telle ou telle friterie, ont bien été cuites dans une huile exempte de produits manipulés génétiquement ? Réponse : personne !

Nous pensons qu'il est urgent que le secteur HORECA se soucie du problème ; il est important qu'il s'engage, vis-à-vis de sa clientèle sur la qualité des huiles qu'il utilise… Il est urgent qu'il décide de refuser catégoriquement les OGM et qu'il le dise clairement, avant que d'autres produits OGM ne déboulent sur le marché

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