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nortasuna & askatasuna
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3 mars 2005

ULRIKKE MEINHOFF : UNE PATRIOTE ALLEMANDE

Ulrikke Meinhoff :  Une patriote allemande

 

«Qui ne s'arme pas meurt, qui ne meurt pas est enterré vivant dans les prisons, les maisons de rééducation, dans le sinistre béton des tours résidentielles».

 

Ulrikke Meinhoff.

 

Mai 1996, a marqué le vingtième anniversaire du suicide involontaire d'Ulrikke Meinhoff, en réalité assassinée pour raison d'Etat par les sbires d'Helmut Schmidt et de la social-démocratie allemande (la même social-démocratie qui, alors dirigée par Ebert et Noske, fit assassiner Rosa Luxemburg).

On a d'ailleurs parfois comparé ces deux femmes. Il existe en effet des coïncidences évidentes : d'abord leur sexe et leur tempérament indomptable, leur participation à une lutte insur­rectionnelle en Allemagne et leur mort au cour, et du fait, de celle-ci. Mais il existe aussi des différences. Ainsi les nerfs fragiles et la faiblesse physique de Rosa Luxemburg contras­tent avec la solide robustesse d'Ulrikke Meinhoff.

Rosa Luxem­burg, polonaise d'origine juive, sans sentiment marqué de nationalité s'est consacrée à la cause révolutionnaire dans un nomadisme qui l'a conduit dans différents pays d'Europe orientale au service de l'internationalisme prolétarien. A l'op­posé, Ulrikke Meinhoff, allemande élevée dans un milieu familial de gauche, ressentait profondément la tragédie singu­lière et sanglante de son pays (la fin traumatisante du IIIeme Reich, la division et l'occupation du sol fédéral par la ploutocratie alliée, la bureaucratisation pro-soviétique de la Rda après l'érection du mur). Ce «mal à l'Allemagne» fut la préoccupation obsédante qui conduisit la jeune journaliste engagée a em­brasser la lutte armée, aboutissement du nationalisme de libération né du mai 68 allemand (si différent de sa version française) et des thèses de Duschke et Rabehl, et à participer à l'activisme initié au début des années 70 par Andréas Baader.

 

Le nihilisme existentiel d'Ulrikke, chaque jours plus désespé­rée dans sa lutte utopique, peut être comparé à une attitude de kamikaze face à la mort se préparant jour après jour à celle-ci dans l'insurrection armée. Les théories de Baader sont encore d'actualité car Meinhoff les a transformées de pure théorie en attitude vitale et en témoignage ultime. Walkyrie rouge, Némesis d'une Allemagne occupée, par son action contre les intérêts atlantistes et par la sauvage répression qui s'est abattue sur son groupe de la part du gouvernement social-démocrate elle a démasquée le véritable visage de l'«Etat du bien être» : américanisé, lobotomisé, négateur de la mémoire et seul maître du jeu démocratique.

Si d'autres figures féminines de gauche ont pu recevoir une sacralisation laïque (Rosa Luxemburg, la Pasionaria ou Nilde Giotti) et devenir ce faisant acceptables pour le système, Ulrikke Meinhoff est un personnage plus difficilement récupérable du fait de son atypicité. Les liens profonds entre sa pensée, et son action, et la question allemande; son hallucinant passage à la fin des années 60 d'un statut privilégié à la lutte armée et à la clandestinité, sont analysés aujourd'hui comme des anomalies pathologiques.

 

 

Ainsi alors qu'Ulrikke Meinhoff partageait depuis son plus jeune âge les idées de la gauche radicale et avait un long passé d'agitatrice et de journaliste politique, elle est décrite comme une déséquilibrée recrutée avec d'autres déséquilibrés par Andréas Baader pour fonder la Fraction armée rouge. Un geste émouvant d'Ulrikke montre à lui seul la fausseté d'une telle analyse : quand elle décida de s'engager totalement dans la lutte armée et qu'elle se rendit compte qu'elle ne pourrait plus s'occuper de ses enfants, elle tenta de les faire admettre dans un orphelinat pour enfants palestiniens, avec l'intention de les retirer d'une ambiance chaque jour plus irrespirable et de les faire élever dans le sentiment de la lutte pour la libération nationale, dont l'avant-garde antisioniste et anti-coloniale était à cette époque la résistance palestinienne.

 

Pour nous Ulrikke Meinhoff est une walkyrie rouge, héritière de la pulsion nationale-communiste allemande qui s'était déjà affrontée bien des années auparavant à l'internationalisme de Liebknecht et de Luxemburg et qui inspirée par Lassalle avait donné les figures non-conformistes les plus intéressantes de la république de Weimar. On ne peut pas se contenter de considérer son patriotisme révolutionnaire comme un signe des temps du à l'anticolonialisme de la Nouvelle gauche. Son angoisse face à la désagrégation socio-politique de la RFA et la recherche d'une solution alternative à l'alignement sur la Rda montrent un talent qui la rattache aux hommes de la gauche-nationale allemande de l'entre-deux guerres comme Ernst Niekisch, Heinrich Laufenberg, Fritz Wollheim ou Heinz Neumann.

 

Pour nous, face à ceux qui considèrent Ulrikke Meinhoff comme une sociopathe, comme un prédecesseur de la scène «autonome» berlinoise ou plus simplement une soixante-huitarde, Ulrikke par son angoisse existentielle et sa trajectoire cohérente mérite une dénomination plus juste, celle d'une patriote allemande et celle d'un exemple  pour les patriotes européens.

Fernando Marquez.

 

Citations en mémoire d'Ulrikke :

 

«Notre espoir repose sur les jeunes gens qui souffrent de fièvre, parce que la purulence verte du dégoût les consume, sur ces âmes grandes dont nous voyons les possesseurs errer comme des malades à travers l'ordre des auges à porc. Il repose sur la révolte qui se dresse contre le règne du bon-garçonnisme, et qui exige les armes d'une destruction lancée contre le monde des formes, qui exige l'explosif, afin de balayer l'espace de la vie, au profit d'une hiérarchie nouvelle».

 

Ernst Jünger.

 

«Je ne veux pas la paix, je veux mourir dans la passion et le combat. Je veux que ma mort soit ma plus belle victoire»

 

Gabriel d'Annunzio.

 

«.Les jeunes doivent s'entraîner à la lutte, avoir le culte de la  violence. Chez les jeunes, la violence patriotique est juste, nécessaire et souhaitable. Nous devons nous pénétrer d'une moralité de la violence et de l'esprit militaire».

 

Onesimo Redondo.

 

«Vous n'êtes pas démocrates. Aucune jeunesse ne l'est. La démocratie est une invention d'adultes qui se ménagent et s'ef­fraient des déchaînements du sexe, du sang et de la mort. Et de la vie. Vous rêvez de cartouchières, dé commandes, de tribunaux, de torches et de fusillades, de cris et de chants, de drapeaux et de barricades, de complots, d'attentats, d'assauts, de discours enflam­més et de fièvre aux joues ...Un libéral, un démocrate, un modéré, un parlementaire ... pouah ! Les hommes politiques en veston ... pouah ! ... Vous avez envie de tuer, de conquérir, de punir, de trancher dans le vif ...l'envie d'être fanatique, sectaire, pur, dur, sûr, catégorique».

 

Jean Cau.

 

«La résistance du Rebelle est absolue : elle ne connaît pas de neutralité, ni de grâce, ni de détention en forteresse. Il ne s'attend pas à ce que l'ennemi se montre sensible aux arguments, encore moins à ce qu'il s'astreigne à des règles chevaleresques, lisait aussi en ce qui le concerne que la peine de mort n'est pas abolie».

 

Ernst Jünger.

 

«Ou bien homme ou bien porc, Ou bien survivre à n'importe quel prix, Ou bien la lutte à mort. Entre les deux il n'y a rien».

 

Holger Meins.

 

«Je voudrais voir tous les citoyens s'armer. Nous devons nous habituer à l'idée des armes, à la vue des armes, à l'emploi des armes. Nous tuerons peut-être des innocents par erreur, mais le sang versé purifie et sanctifie, et la nation qui le considère avec horreur a perdu sa virilité. Car il a des choses plus horribles que le sang versé; et l'esclavage est l'une d'elles».

 

Patrick Pearse.

 

«Les grandes questions de notre temps ne seront tranchées ni par les discours, ni par des votes à la majorité, mais par le feu et le sang».

 

Otto von Bismarck.

 

«Celui qui, entre vingt et trente ans, ne souscrit pas au fanatisme, à la fureur et à la démence est un imbécile. On est libéral par fatigue, démocrate par raison».

Emile Cioran.

 

Article tiré de " La Voix du Peuple ", numéro 33, 1996

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