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nortasuna & askatasuna
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15 février 2005

GENESE DE L' IDENTITE OCCITANE

C'est au cœur d'un ensemble géographique particulier (1), baigné par la Miegterrana (au sud-est) et l'Océan (à l'ouest), protégé par la chaîne des Pyrénées (au sud-ouest) et celle des Alpes (à l'est), que s'est forgée au fil des siècles, tantôt au gré des échanges commerciaux et culturels, tantôt grâce à l'apport biologique et technique de populations européennes, ce qu'il convient d'appeler l'identité occitane.
 

          Rèire istòria, préhistoire

          Comme l'atteste la présence de nombreux sites archéologiques, la présence humaine en Occitanie remonte au paléolithique, période durant laquelle s'établit la civilisation moustérienne, déjà spécifique à la région, que l'on oppose à la civilisation acheuléenne (2), apparue beaucoup plus au nord. Sur les territoires des Pays d'Oc actuels, les Magdaléniens chassent le bouquetin – dans le nord, c'est le renne – et découvrent « l'expression religieuse et artistique ».
          En 7 000 av. J.C. apparaît l'agriculture, puis ont lieu les premiers échanges commerciaux (aux alentours de 4 500 av. J.C.) avec les Phéniciens. Quant aux premières « fabrications autochtones en cuivre », elles datent d'environ 2 000 av. J.C.
 

          Edat antica, période antique

          Les apports des Grecs et des Celtes

          Commerçant depuis plusieurs millénaires avec des populations issues de la péninsule grecque (Mycéniens, Hellènes), les habitants de l'actuelle Occitanie voient s'établir, durant la seconde moitié du Ier millénaire av. J.C., plusieurs comptoirs créés par les Grecs – ainsi en est-il des villes de Marselha (Marseille), de Agde et de Niça (Nice) – où sont introduits, par les monuments, les temples et les sculptures, les premiers éléments de culture classique.

          Les Celtes (3), présents un peu partout en Europe depuis le Xème siècle av. J.C., forment un peuple à la fois civilisé et prolifique. Grâce à eux, les populations autochtones reçoivent un apport biologique de qualité en se mêlant à ces guerriers indo-européens et nomades.
          Leur influence est essentielle dans la construction de l'identité occitane, dont ils représentent la première couche constitutive, de part leur apport, ici d'ordre technique (travail du fer et orfèvrerie), jusqu'à un style de vie particulier (vie en petits groupes, chasse et pêche, communion avec la nature).
          Ils nous lèguent enfin le célèbre « Vae  victis ! » de Brennus, qui prend Rome en 390 av. J.C.

          Les Romains et le concept d'Etat

          Jusqu'à l'arrivée des Barbares (4), pour les Romains (et les Grecs), et ce d'une façon tout à fait consciente, la réalité géographique et territoriale réside en la cité. C'est pour se protéger de ces derniers que Rome met rapidement en place une organisation politique et sociale originale et complexe… l'Etat.
          Une fois instauré, l'Etat romain étend ses compétences et son autorité, tout d'abord au détriment des Grecs, à l'est, et des Carthaginois, au sud. Vint ensuite le tour des Celtes d'Occitanie du Sud (Provence et Languedoc) de tomber sous le joug romain (IIème siècle av. J.C.), puis des Arvernes et des Rutènes, comme le célèbre épisode de la bataille d'Alésia en témoigne (52 av. J.C.).
          Comme leurs prédécesseurs, les Romains introduisent en Occitanie leur savoir-faire, les concepts nés de la conscience et de la mentalité spécifiques aux peuples de la péninsule italienne. L'administration romaine pénètre ainsi en Occitanie, en même temps que, et ce n'est pas rien, le droit écrit et le latin.
          Cet apport représente la deuxième couche constitutive de la construction de l'identité occitane.
 

 

         

Edat barbara, période « barbare »

          Les Wisigoths (Visigòts)

          En 27 av. J.C., la Narbonnaise (5) devient province impériale. Débute pour l'Occitanie une période de relative prospérité, due notamment aux succès de Rome qui connaît son apogée (IIème siècle). Puis s'opère un lent processus de décadence que l'édit de Caracalla (212) vient parachever en étendant à tout l'Empire le droit de cité romain. Tout résidant libre peut ainsi accéder à des responsabilités politiques, civiles ou militaires. Les Barbares pénètrent alors à tous les échelons de l'Etat qui, miné par ses dissensions internes, la dénatalité, la paresse et la pression démographique extérieure, fini par s'écrouler.
          Parmi les peuples de Germains qui prennent possession de l'Empire agonisant, il y a les Ostrogoths (Ostrogòts), implantés à l'ouest du Rhône (6), et les Wisigoths (Visigòts), établis à l'est (7). Le chef de ces derniers, Ataulf, fonde un royaume Wisigoth en 412, après la mort d'Alaric Ier, qui a pris Rome.
          Profondément romanisés en Occitanie, à tel point que le roi Alaric II impose « son Bréviaire – code de lois écrites – dont l'usage perdure dans notre région jusqu'au XVIIIème siècle ». L'empreinte durable qu'ils ont laissée à la civilisation celto-romaine, caractérisée par une « culture artistique raffinée » et l'établissement d'une administration stable, figure la troisième couche constitutive de la construction de l'identité occitane.

          La conquête franque

          Plus que tout autre peuple, les Francs – des Germains, eux aussi –  procèdent, après la conquête du Royaume Wisigoth par Clodovitz (Clovis), qui tue en combat singulier le roi Alaric II à Volhièr (507), à la « déceltisation » de l'Occitanie. Cependant, il convient ici de nuancer notre propos car l'Occitanie garde malgré tout la marque profonde du passage des Celtes sur ses terres. Ainsi en est-il de nombreux aspects des traditions occitanes, comme la chasse et la pêche. Des mots « comma "bragas", "carri" o "cervesa", ou encore l'usage dans la musique traditionnelle des "cabretas" et des "boas" en attestent ».
          La victoire de Clodovitz, chef des Francs, ouvre grand la voie à l'invasion de dizaines de milliers de Germains s'installant en Occitanie avec leurs familles, étendant leur autorité, établissant des liens étroits avec l'épiscopat que Clodovitz (Clovis) protège tout en régnant sans partage sur l'ensemble de la Gaule. Par son apport biologique, le sang neuf et l'esprit nouveau qu'elle insuffle à l'Occitanie, l'invasion franque forme bien la quatrième couche constitutive de la construction de l'identité occitane.
 

          (1) Si la spécificité de l'ensemble géographique occitan, « Pays de deux mers et de trois montagnes », a incontestablement accéléré la constitution de l'identité occitane, elle aura été dans le même temps – et ce même si d'autres « facteurs » jouent aussi –  un frein tout aussi efficace à la création d'un Etat occitan autonome.

          (2) La civilisation moustérienne est caractérisée par une industrie lithique faite de nombreux racloirs tandis que la civilisation dite « acheuléenne » l'est par ses industries à bifaces.

          (3) Les Celtes, pour ce qui est de la seule Occitanie, se divisent en plusieurs « tribus ». Les plus connues sont les Arvernes (Auvergne), les Allobroges (entre Savoie et Provence), les Volques Arecomiques (Nîmes) ou Tectosages (Toulouse, Carcassonne), les Rutènes (Quercy), ou encore les Bituriges (près de Bordeaux).

          (4) Du grec, « barbaros » (littéralement « étranger »), ce terme servait à désigner tous les peuples, y compris les Romains, restés en dehors de la civilisation grecque puis, employé par ces derniers, tous ceux qui ne participaient pas à la civilisation gréco-romaine.
On distingue, parmi les Barbares, les Goths, les Vandales, les Burgondes, les Francs, les Celtes, les Huns…

          (5) Cette ancienne province de la Gaule romaine comprenait la Savoie, le Dauphiné, la Provence et le Languedoc.

          (6) Lorsque l'on descend le Rhône, ce qu'ont fait les Barbares, les Wisigoths sont bien établis à l'ouest du fleuve.

          (7) Ils contrôlent un vaste territoire s'étendant du delta du Rhône à l'estuaire de la Gironde, le grand « sud-ouest occitan », ainsi que la presque totalité de la péninsule ibérique, moins la Galicie et la moitié nord du Portugal actuel.

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