ENTRETIEN AVEC B.H BUNEL - OU QUAND L IMPERIALISME YANKEE STRUCTURE CELUI DES MUSULMANS
Un ancien officier des services secrets français révèle les plans des USA et de lOTAN visant à soutenir les terroristes islamiques dans les Balkans.
Entretien avec lancien officier des services de renseignements Pierre-Henri Bunel.
Le public serbe a découvert lexistence du Colonel Pierre-Henri Bunuel, 53 ans, officier des services de renseignement français qui travaillait au QG de lOTAN à Bruxelles, à loccasion de laffaire despionnage de 1999, à lissue de laquelle il fut condamné à dix mois de prison pour avoir informé les Serbes des cibles militaires que lOTAN avait lintention de bombarder. En 2001, Bunuel avait pris sa retraite et navait pas accompli lintégralité de sa peine, mais navait pas encore été réhabilité. Aujourdhui il travaille en tant quexpert indépendant dans le domaine de la sécurité et des organisations terroristes.
E : Quels changements ont eu lieu ces derniers temps dans les milieux islamiques des Balkans ?
Le terrorisme islamique dans les Balkans a été favorisé par les conflits en Bosnie-Herzégovine et par lagression criminelle dont la Yougoslavie a été victime. Washington avait tout intérêt à ce que les Balkans soient déstabilisés et les Islamistes représentaient une aide précieuse pour les Etats-Unis. En effet, en cas de guerre prolongée, on constate un affaiblissement de la culture locale. La transformation du Kosovo en nouvel état islamique porterait un coup terrible, aux Serbes tout dabord, ensuite aux Européens non-atlantistes.
E : Ainsi, votre théorie est que les Américains se livrent à une islamisation des Balkans ?
Oui. Jusquà ce que quelquun dénonce le caractère néfaste de la présence américaine en Europe, jusquà ce que les Européens perçoivent la menace que constitue pour eux cette islamisation des Balkans, nous verrons lislamisme empoisonner cette région.
E : Dans votre livre Crimes de guerre à lOTAN , vous faites allusion aux victimes serbes tombées à Sarajevo et à la désinformation dont a fait lobjet le conflit bosniaque.
Il est regrettable que des années doivent sécouler avant que le monde admette que les moujahidins et les Cygnes Noirs dAlija Izetbegovic [alors président de Bosnie-Herzégovine ont commis au moins autant de crimes que les Serbes dArkan [le chef de milice serbe assassiné ]. [1]Vraiment, personne ne veut-il reconnaître aujourdhui que les Serbes, dans cette situation, étaient davantage en situation de défense que dattaque ?
E : Cette opinion est-elle généralement répandue au sein de larmée française, qui a été sur place en Bosnie pendant plus dune décennie ?
Au cours de mon procès, un général français cité comme témoin par laccusation a pris ma défense devant le tribunal militaire. Cet homme, qui commandait une division multinationale à Sarajevo, a déclaré ceci : Pendant lannée où jy ai occupé le poste de commandant, nous navons jamais eu le moindre problème avec les autorités serbes ni avec larmée serbe. Les Serbes respectaient les accords signés. Je ne peux pas en dire autant des autres signataires. Les Musulmans [bosniaques] étaient les pires.
E : Devons-nous nous attendre à ce que les pays occidentaux révisent officiellement leurs explications des causes de la guerre ?
Oui, mais pas avant le départ des personnalités politiques qui se sont rendues complices de ces crimes. Une partie de la presse écrite française a déjà amorcé un mouvement dans ce sens. Certaines publications, comme Marianne, ont révélé la manière dont elles ont été manipulées par le porte-parole de lOTAN Jamie Shea pendant les frappes sur la Yougoslavie. Cependant, les journaux préfèrent taire le fait que linformation quils ont publiée pendant plusieurs années nétait que de la pure propagande.
E : A votre avis, la France ouvrira-t-elle un jour les dossiers secrets, tel celui qui révèle que votre armée avait informé le président français que lattentat du marché de Markale de Sarajevo nétait pas le fait des Serbes, mais des services secrets musulmans, avec la coopération de factions libanaises ?
Les services secrets français et britanniques ont travaillé main dan la main sur ce dossier. Nous avions la preuve que les Serbes ne pouvaient pas être accusés davoir tiré un obus sur le marché de Markale fin août 1995 à cause de données balistiques.
E : On a parlé dune photo qui aurait été prise par votre service de renseignement ?
Oui, elle montre des gens en train de se diriger vers la zone musulmane immédiatement après lattaque. Quoi quil en soit, entre le moment de lattentat de février 1995 et celui daoût de la même année, le président Mitterrand a été remplacé par Chirac, qui était daccord pour que lon accuse les Serbes et qui a accepté les frappes aériennes de lOTAN proposées par les Américains, cependant que les généraux français présents sur le terrain tentaient de les empêcher.
E : Quelle en était la raison ? Quels intérêts sous-tendaient la décision de Chirac ?
Aux échecs, le sacrifice de pions dans le but de sauver dautres pièces sappelle gambit. Lorsque nous optons pour cette tactique, cela signifie généralement que nous ne sommes pas en bonne position.
E : Disposez-vous dinformations concernant la présence islamiste au Kosovo ?
Les Américains avaient provoqué au Kosovo des événements quils se sont avérés incapables de contrôler par la suite. Ils ont commencé à apporter leur soutien à des groupuscules terroristes qui ont attaqué des postes de police serbes et un centre hébergeant des réfugiés de Krajina dès avril 1996. Ces terroristes échappent désormais à leur contrôle. Pas tous, mais certains dentre eux.
E : Comment cela se fait-il ?
Cest parce que le but politique de certains dentre eux est la création dun état albanais. Pour cette raison, ils posent problème aux forces doccupation du Kosovo, étant donné quil est hors de question que le Kosovo accède à lindépendance pour le moment. Dautre part, la propagande américaine ne veut pas prendre le risque dun affrontement politique avec les antimondialistes, qui sautent sur le moindre prétexte pour sen prendre aux Etats-Unis.
E : Cela veut dire que si lon refuse lindépendance aux nationalistes albanais du Kosovo, les Albanais de la région adopteront les convictions antimondialistes des Tchétchènes et des Kurdes.
Affirmatif. Cest pour cela quil vaut mieux les faire passer pour des membres dAl-Quaida. Cependant, il ne faut pas oublier quAl-Quaida ne ressemble en rien à limage que la propagande américaine a forgé de toutes pièces. En diffusant leur désinformation, ils ont donné naissance à une nouvelle menace, [cest à dire lillusion dun groupe] quil est facile de désigner en tant que responsable, parce que cette menace nexiste pas, en réalité. Ainsi, au Kosovo, il ny a pas dAl-Quaida, mais en revanche il y a bel et bien des mafias terroristes qui ont des ambitions politiques locales.
E : La question qui se pose est de savoir comment ils peuvent disposer dautant de moyens sur le plan financier si Al-Quaida nexiste pas ?
Ils ont le soutien de la branche dure de lOrganisation de la Conférence Islamique. Sil existe une coordination politique et financière, cest là quil faut la chercher et il faut aussi regarder du côté de la Banque Islamique de Développement. Mais étant donné que ces organismes sont en partenariat avec certains puissants hommes daffaires états-uniens, les Etats-Unis ne peuvent pas les accuser ouvertement. Cest pourquoi il est intéressant pour eux de coller à ces groupes létiquette Al-Quaida.
E : Jusquoù est allée votre affaire despionnage de 1999 ?
Il me faut encore attendre. Si je puis me permettre, il ne faudrait pas oublier que jai servi de fusible de sécurité pour protéger des hommes politiques dont certains sont encore au pouvoir. Ce qui veut dire que daprès le système judiciaire français, je suis toujours convaincu de trahison. Ceci dit, ça ne mempêche pas de dormir, parce que la trahison est parfois le seul recours pour un honnête homme. Mêtre opposé à lOTAN, surtout sur ordre de mes supérieurs, ne constitue pas à mes yeux un acte de trahison. Dans ce contexte, jai pu me rendre compte en de nombreuses occasions que les services français de renseignement ne me considèrent pas comme un traître.
E : Le Camp Bondsteel au Kosovo est situé sur la ligne stratégique de Cvijic qui contrôle lensemble de région. Est-ce que les Américains vont rester là éternellement ? Est-ce quils vont toujours faire front avec les Albanais ethniques et contre les Serbes ?
Lemplacement du Bondsteel na pas été choisi au hasard. Cette garnison des forces doccupation est située le long dun passage stratégique entre la Mer Noire et lAdriatique, ainsi que sur la ligne Sud-Est Nord-Ouest qui est une sorte de diagonale diabolique. Si les Américains veulent rester à cet emplacement stratégique, il leur faut séparer la Serbie du Monténégro. Il leur faut aussi endormir les Européens. Ils se consacrent ardemment à cette tâche, et les Américains nous ont tous dans le collimateur.
E : Admettons que vous nayez pas communiqué de votre propre chef dimportants renseignements aux Serbes avant la guerre de 1999. Dirons-nous que cétait votre devoir sur le plan professionnel et que vous avez été servi de bouc émissaire à lépoque ?
Il est vrai que jai obéi aux ordres des autorités françaises. Devant lattitude de mon général, qui répétait que la France ne permettrait jamais que la Yougoslavie soit bombardée, le général Jovan Milanovic a accepté de le rencontrer. Cependant, tout le monde sait que cest moi qui ai participé à cet entretien, et non le général français. Des officiers des services de renseignement français ont été au courant de ma rencontre avec le colonel Milanovic. Ils ont compris que si Milosevic avait vent des affirmations du général français, il refuserait de céder aux exigences de lOTAN. Puis il a été décidé que lon devait bombarder la Yougoslavie. Pour cette raison, au début du mois de septembre 1999, on ma demandé de faire comprendre à Milanovic, sil venait à me contacter de nouveau, quen fait la France ne sopposerait pas au bombardement de Belgrade.
E : Par conséquent, la France avait une attitude en contradiction avec celle de son général de lOTAN ?
Effectivement. La France a décidé de suivre les consignes de lUE et la politique de lOTAN. La seule manière déviter un bain de sang était davertir Milosevic de la nouvelle position adoptée par la France. La seule manière dy parvenir était de fournir linformation à Milanovic.
E : De quel type dinformation sagissait-il ?
Cette information ne pouvait pas compromettre les projets de bombardement, mais elle pouvait aider à évaluer létendue des dégâts que les Américains avaient lintention de faire subir à la région en cas dattaques aériennes. Les renseignements étaient vrais, mais pas dangereux. A la suite de notre rencontre e 1er octobre 1999, Milanovic a fait son rapport à Belgrade.
E : Savez-vous les effets quont produit cette révélation ?
Milosevic a été si peu satisfait des rapports que lui faisait Milanovic que ce dernier a été rappelé à Belgrade, on la exilé dans un bureau même pas équipé dun téléphone. En raison de ma sympathie envers les Serbes, jai accepté cette mission, parce quil me semblait que lon pouvait éviter le bombardement.
E : Avez-vous revu Milanovic par la suite ?
Cest avec beaucoup de plaisir que nous nous sommes revus lors de ma visite à Belgrade en 2003. Jai du respect pour lui, de lamitié. Milanovic en personne a déclaré au quotidien Le Figaro en décembre 2001, juste après mon procès, que je métais borné à faire un travail dofficier des services de renseignement, tout comme lui. Il a ajouté quil naurait pas eu confiance en moi sil mavait considéré comme un traître à la France.
Par Z. Petrovic Pirocanac